" L'installation photographique "La belle o bois dormant" est un hommage à Mr Perrault qui a tué la liberté de la femme en créant à travers ses contes un courant de pensées aliénant pour toujours les jeunes filles à la soumission. Il a ainsi permis de faire basculer la liberté de penser vers un idéal féminin qu'il a fabriqué de toute pièce et vers lequel les jeunes filles se clonent volontiers sans apercevoir la perversité de cette envie de ressemblance. "
C'est en ces quelques phrases introductives que la jeune plasticienne Viviane Riberaigua présente son travail.
S'il y a en effet fort à penser sur les motivations (in?)conscientes de Mr Perrault, cette oeuvre constitue peut-être l'une des clefs visuelles contemporaines de cette réflexion.
Dans une version cauchemar conceptuel", l'une des plus fameuses héroïnes des dits contes est cette fois-ci en prise à quelques vieux stéréotypes...
L'installation se composent d'une image photomontée représentant une jeune femme couchée sur un lit dans sa chambre, une inscription en forme de menace sarcastique sur la porte nous indique : " Belle au bois dormant " Promise au premier prince venu ! Dire merci à la fée en sortant. ". Fichée dans le buste " gigot " de la princesse (puisqu'il faut bien la nommer ainsi), jaillit d'une chevillette géante, un long fil qui vient se distribuer au cou
de 21 poupées (tendance Chucky) juchées sur des petites valises intégrant chacune une boite à musique.
Voilà de quoi envisager sous un angle beaucoup moins romantique notre jolie bluette, d'une jolie princesse attendant un baiser pour s'éveiller à l'amour. Le gigot est bien là pour nous le rappeler: les femmes n'en
finissent plus de le remettre au four, comme à tout jamais captives des chaines du conformisme masculin.
A l'instar des Guerilla Girls, de Barbara Kruger ou encore de Sherry Levine, Viviane Riberaigua, brandit haut et fort et avec un humour glaçant, l'étendard de la libération, le pouvoir aux filles - Texte Patrice Loubon